L’objectif est affiché : « faire de la France une grande nation de l’esport et donner une nouvelle impulsion à la stratégie esport 2020-2025 ».

C’est le souhait exprimé par pas moins de trois ministres – Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, ainsi que Rima Abdul Malak, ministre de la Culture –, à l’occasion d’une réunion, tenue dans le cadre du cycle d’ateliers « Impulsion Politique et Coordination stratégique » (organisé par le ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques), le 16 janvier 2023, à la Maison de l’Esport (Paris, 20e).

 

Il faut dire que l’initiative s’inscrit dans le droit fil de la politique présidentielle. Le Président de la République, Emmanuel Macron, avait ainsi pu réaffirmé, le 3 juin 2022, sa volonté d’accélérer la structuration de la filière esport et de renforcer son attractivité à l’international. À cette fin, de nouvelles grandes compétitions seront accueillies en France, le « Blast Major » en 2023 et la « Trackmania games » en 2024.

 

Forts de cette impulsion, les trois ministères ont mené des travaux de concertation depuis plusieurs semaines, réunissant une trentaine d’acteurs concernés – organisations représentatives de l’esport, équipes esportives, organisateurs d’événements, syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL), partenaires privés, médias, comité d’organisation de Paris 2024, collectivités territoriales et services de l’État.

 

Cinq objectifs ont émergé de la réflexion :

  • Structurer l’écosystème de l’esport ;
  • Mieux accompagner la pratique amateur et les associations du secteur dans les territoires ;
  • Lever les freins au développement de la pratique en France ;
  • Renforcer la capacité de l’écosystème français à accueillir des grands événements internationaux esport ;
  • Mobiliser l’écosystème pour accueillir l’Olympic Esports Week (événement international porté par le CIO) en France fin 2024, dans la foulée des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

 

À cette fin, les acteurs ont validé un plan comprenant quatre axes.

  1. Lancer une mission de préfiguration pour la création d’une structure nationale visant à piloter et mettre en œuvre la stratégie nationale esport (conclusions attendues à l’été 2023) ;
  2. Favoriser l’encadrement et le développement de la pratique dans les territoires dans une logique responsable, collégiale et lisible (réalisation d’une cartographie des acteurs, mise en place d’antennes régionales, promotion responsable et prévention des risques) ;
  3. Renforcer le dynamisme de la France et son attractivité à l’international, avec notamment le recours au passeport talent « renommée internationale » pour les esportifs de haut niveau.
  4. Bâtir le succès de l’Olympic Esports Week en France à la fin 2024 par le lancement immédiat d’un comité de candidature, par le Comité national olympique et sportif français, la Délégation interministérielle aux grands événements sportifs, Paris&Co-Esport et avec la participation du comité d’organisation de Paris 2024. Ce comité de candidature, coordonné par Matthieu Péché (manager de l’équipe Vitaly sur le jeu Counter-Strike et médaillé de bronze à Rio en 2016), est chargé d’élaborer et de présenter un projet aux acteurs publics au printemps 2023.

 

Cette initiative française s’inscrit dans un contexte européen particulièrement propice. En effet, conscient du potentiel de croissance représenté par le jeu vidéo, des multiples possibilités d’usage et aussi de l’intérêt grandissant des citoyens, le Parlement européen a produit deux rapports d’initiative, l’un par la Commission Affaires culturelles (CULT) et l’autre par la Commission Marché intérieur.

Le premier rapport a donné lieu à une résolution du Parlement européen, du 10 novembre 2022, spécifiquement relative aux sports électroniques et aux jeux vidéo (2022/2027(INI)). Le second, voté en plénière le 18 janvier 2023, est relatif à la protection des consommateurs en matière de jeux vidéo en ligne (2022/2014(INI)). En substance, les deux rapports œuvrent dans la même direction : le secteur du jeu vidéo européen est en grande difficulté et l’idée n’est pas d’en inhiber le développement, mais de favoriser son financement, tout en suggérant un encadrement sur certains points précis, notamment à destination des mineurs, comme le « pay to play » ou la pratique du « looting ».

 

La régulation vise ainsi à libérer le potentiel économique, social, éducatif, culturel et innovant de ce secteur, pour faire de l’Europe un acteur de premier plan sur le marché mondial.

La France s’inscrit clairement dans cette démarche. D’ailleurs, le groupe d’études Jeu vidéo et esport de l’Assemblée nationale, présidé par le Député Denis Masséglia, a été maintenu sous la XVIe législature, contribuant à faire avancer la réflexion en matière de esport. De même, l’Olympic Esports Week constituera une vitrine mondiale pour le esport français ; la tâche du comité de candidature est sur ce point essentielle.